Suite à l'allocution du Président de la République du 28/10/2020, le Prieuré est de nouveau fermé jusqu'à nouvel ordre. Nous continuons d'être présents sur les réseaux sociaux et nous vous informerons au plus tôt de notre réouverture.
C’était en la saison que le pesteux Automne
Déroulait en nous ses beaux jours atones
Par les prés encore chargés de l’ancienne chaleur
Quand le Ciel nous accorde encore sa douceur :
Lors que les arbres égrainent l’or de leurs feuilles
Qui ne sont que bruissements sous le pas des écureuils
Faisant grandes provisions et les petits oiseaux
Voletants par les bois de rameaux en rameaux
Amassent la becquée et devançant la froidure
Ont souci comme nous de leur race future.
Thoinet au mois de novembre passant par Vendômois
Me mena voir à Tours un lieu à la fois solitaire et coi
Qui aux rives de Loire prend forme d’ile
Et offre au regard ses pierres immobiles
Que les passions éteintes ont livrés aux démolisseurs
Lui causant devant l’éternité grands heurts et malheurs
Nous partîmes tous deux des confins de Coutures,
Nous passâmes Gâtines et ses hautes verdures
Nous passâmes Marray et vîmes à mi-jour
Du cousin Phelippot s’élever la grand tour
Qui de Beaumont la Ronce honore le village
Comme un pin fait honneur aux arbres d’un bocage
Comblés par l’hospitalité sans égale du gaillard
Chez lui nous bambochâmes jusques au soir bien tard
De là vînmes coucher au gué de Langennerie,
Sous la voute céleste nous plongeant dans la rêverie :
Puis aux première lueurs du jour redoublant le marcher,
Nous vîmes dans un bois les vieilles pierres s’élever
De Saint-Cosme près Tours, d’où le tumulte de la ville
Nous parvenait quand bientôt s’immobilisa notre quille.
Débarqués, nous foulâmes de la Loire les sablons
Qui gardent nos traces sur le sentier blond :
Là, dans l’éternelle nature, la lumière de l’après-midi
Offrait aux ruines la douce couleur de la mélancolie
Qui nous vient quand on mesure que le temps passe,
Avec lui les souvenirs qui jamais ne s’effacent,
Et dessinent aux lèvres le sourire de ceux qui ont bien vécu
Traquant le bonheur dans l’instant comme je l’ai su.
Surgit alors l’espoir que Marion réapparaisse dans l’allée
Baignée par la clarté magique, tout à notre joie retrouvée
Elle, comme une rose bienveillante dans la douceur tourangelle
Me revint le doux ballet de nos étreintes pareilles
Au vent qui joue avec les branches effeuillées
Mon âme voguait, tout n’était que sérénité.
Thoinet ôta le calme de mon esprit quand sur son visage
Je pus lire le plus douloureux des témoignages :
Du temps passé il avait pris la violente mesure
Alors que j’avais dérivé par mon amoureuse nature.
Je vis alors son air prendre de l’ire le voile,
De ma zénitude (qui mène à la plénitude) il prit le rebrousse-poil,
Car bientôt devant le champ de ruines éclata sa colère.
Ce qui me fit dire devant les murs séculaires :
Si c’est de la Rome antique que les ruines sont nées
Ma nostalgie habitera là où les muses demeureront à jamais.
Je choisis Saint-Cosme en l’Ile pour tombeau
Et les poèmes mordorés pour cruel flambeau
Passant, il ne te restera pour mien héritage
Que cette ode trafiquée au turon rivage :
‘Donc cependant que l’âge nous convie
De nous ébattre, égayons notre vie :
Ne vois-tu le temps qui s’enfuit,
Et la vieillesse qui nous suit ?
Écrit par Vincent G. avec les mots des membres de la Communauté Facebook du Prieuré Saint-Cosme.
Ce poème a pour point de départ le Voyage de Tours ou les Amoureux écrit en 1555 dont la trame du début est conservée. Dans le poème initial Thoinet (Jean-Antoine de Baïf) accompagne son ami Ronsard à la rencontre de Marie (Marion) sa seconde muse. Le poème pastiche s’achève sur l’ode XI qui appartient au Quatrième livre des Odes, 1550.
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