Lieu de création artistique du temps du Prince des Poètes, le Prieuré demeure un lieu d’accueil d’artistes contemporains (écrivains et plasticiens, musiciens et danseurs) sur des temps plus ou moins longs, pour un travail artistique sous des formes variées.

En 2019/2021, Natalia Jaime-Cortez convoque un espace-temps ouvert et dilaté pour son exposition Les portants parcourant l’ensemble du Prieuré. Par la présence d’œuvres sur papiers (Les portants, Butinages) et d’un ensemble de vidéos, elle invite à la circulation et habite les lieux par la couleur. Elle lance aussi les bases de son projet 72% en réalisant des trempages de ses papiers dans la Loire accompagnés de vidéos témoignant de ces rituels que l’artiste entretient avec l’eau.

Sculpter l'équilibre, 2020

Le travail de Bruno Saulay, Expériences n°7, semble fonctionner comme un éco-système. Au centre du projet, une sculpture « à construire », un objet multi-facettes en hêtre contreplaqué. Par ses courbes tournoyantes, sa forme évoque une rosace. Selon un principe d’assemblage, chacun peut s’approprier cet ensemble en emboîtant les éléments en bois afin de constituer une assise amovible. La sculpture est déposée au sol. Alors, on prend place, on se positionne sur la surface plane, on cherche un point d’ancrage unique : le nôtre. L’objet se balance, jusqu’à s’immobiliser totalement sous l’influence de la répartition du poids de notre corps. Il n’est ni un socle, ni une sculpture tout à fait. Il reste toujours malléable, puisque chacun peut choisir sa manière d’être confortable à son contact. La sculpture devient l’outil qui nous permet de nous recentrer, d’aligner notre colonne vertébrale et d’écouter attentivement notre respiration. Elle se prolonge et co-existe avec la présence humaine. Comme au cours d’un jeu d’enfants composé de fragments disparates à élever ensemble, notre intuition nous guide dans la finalisation du projet de Bruno Saulay. L’artiste, qui a longtemps travaillé selon un principe de répétition pour constituer un répertoire de formes, propose aujourd’hui l’appropriation par tous de ce nouveau projet qui donne parfois lieu à des rencontres, à des ateliers ou à des performances. Expériences n°7 prend alors corps par le langage et l’échange collectif. Cette démarche révèle une dimension artistique et méditative tout à la fois. Elle rappelle les procédés du design et s’en éloigne pourtant, en dessinant les contours d’une architecture spirituelle vouée à se déployer à l’extérieur et à différentes échelles.

Élise Girardot, septembre 2020

En 2018, le prieuré a accueilli l’artiste Cyrille Courte qui a une pratique transversale inhabituelle à la frontière entre l’art, l’architecture et la science. Diplômé de l’École des Beaux-arts de Tours en 2014, il s’est aussitôt retrouvé en charge d’un projet en collaboration avec des scientifiques de la Station de Radioastronomie de Nançay. Les installations présentes au Prieuré Saint-Cosme étaient à la fois œuvres et objets de recherche : quasi immatérielles, ses trois structures étaient considérées comme des entités, des "êtres géométriques dans l’espace*". Spectrum, Antiprisme et Galaxy dialoguaient avec l’architecture du lieu tandis que la spatialisation sonore nous connectait avec le cosmos.

En 2018, durant quatre saisons, le performeur Fabien Delisle couche des pensées sur un papier de 10 mètres dans le réfectoire des chanoines, laisse se dissoudre le sens, afin de retrouver un motif, une trame, une texture. Une vaste allégorie de la vie donnant à percevoir une autre forme initiée par le fond (Noir Palimpseste).

Le Prieuré Saint-Cosme a également accueilli entre 2015 et 2017 lors de séjours d’auteurs proposés avec l’agence régionale pour le livre, l’image et la culture numérique (CICLIC), les écrivains Jean Pascal Dubost, Pierre Senges, Carole Martinez et Anne-James Chaton.