La vie du Prieuré

Durant LE PRINTEMPS DES POÈTES, le Prieuré Saint-Cosme et le MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE TOURS font dialoguer leurs collections sur le thème de « l’éphèmère » ! Quand Pierre de Ronsard ou un membre de la Pléiade rencontre un tableau exposé dans les salles du Musée des Beaux-Arts, ça donne quoi ?

 

 

Jan van GOYEN

Leyde, 1596 –La Haye, 1656

Marine, 1640 ou 1650

Huile sur bois

Acquis avec la collection du peintre Louis-François Durrans (1756-1847) en 1847

 

Après une formation dans sa ville natale et un voyage en France, Van Goyen fréquente l’atelier de Van de Velde à Haarlem et s’installe à La Haye où il s’affirme comme un des paysagistes hollandais les plus importants et les plus productifs du XVIIème siècle. S’il aborde une grande variété de paysages, ce sont les vues de fleuves bordés de moulins et les marines qui constituent le plus gros de sa production. La présence humaine est évoquée avec une certaine économie de moyens, par de petites silhouettes le plus souvent à contre-jour et dans différentes attitudes. La ligne d’horizon amplement abaissée suggère l’immensité du paysage.

Les tonalités sourdes, dans une gamme de bruns, baignent cette marine chargée d’une atmosphère mélancolique où le ciel et l’eau semblent s’unir pour un long dialogue.

Tendons l’oreille et imaginons Pierre de Ronsard déclamer quelques vers…

 

[…] Le Ciel ne devait point mettre la fantaisie

Si près de la raison : de là la jalousie,

De là se fait l’amour dont l’esprit est vaincu.

Tandis que nous aurons des muscles et des veines

Et du sang, nous aurons des passions humaines :

Car jamais autrement les hommes n’ont vécu.

 

 

Il ne faut espérer être parfait au monde,

Ce n’est que vent, fumée, une onde qui suit l’onde :

Ce qui était hier ne se voit aujourd’hui.

« Heureux trois fois heureux qui au temps ne s’oblige,

Qui suit son naturel, et qui sage corrige

Ses fautes en vivant par les fautes d’autrui ».

Pierre de Ronsard, Pour la fin d’une comédie, 1565