Le Prieuré, demeure de Ronsard

Le prieuré Saint-Cosme était, pour les chanoines du XIIe siècle, « un paradis sur terre permettant d’atteindre plus facilement le vrai paradis », à moins d’une heure de marche de Tours. La longue histoire de ce monastère, propriété du Conseil départemental d’Indre-et-Loire, a été révélée par de grandes fouilles archéologiques réalisées en 2009-2010.

Il est plus connu comme demeure de Ronsard, qui en fut le prieur de 1565 à 1585 et dont on conserve la maison où il vécut. Le poète, mort en ces lieux, est inhumé dans l’ancienne église. De nouveaux jardins et un parcours scénographique interactif viennent de lui redonner toute sa dimension historique, spirituelle et poétique.

XIè siècle

A cette époque l’île de Saint-Cosme (dans le cours de la Loire) accueille déjà une pêcherie qui alimente les moines de Saint-Martin de Tours en poissons frais.

Entre 1001 et 1022, Hervé de Buzançais, trésorier de Saint-Martin décide d’y installer un monastère dont témoignent aujourd’hui les vestiges de la petite église de l’An Mil dégagée lors des fouilles archéologiques de 2009.

La présence des reliques des saints guérisseurs Cosme et Damien à Tours serait à l’origine du vocable du lieu sans qu’aucun texte ne le confirme.

Le monastère est loué à douze religieux de l’abbaye de Marmoutier à Tours jusqu’en 1075.

Le célèbre Bérenger de Tours, en délicatesse avec l’Église à cause de ses positions sur l’Eucharistie, s’installe à Saint-Cosme après 1060 ou 1079 avec quelques chanoines. Il y meurt en 1088.

XIIè siècle

L’actuel prieuré est fondé en 1092 par le chapitre de Saint-Martin de Tours ; une communauté de cinq chanoines qui suit la règle de Saint-Augustin s’y installe.

L’église romane dont on possède encore aujourd’hui deux chapelles et le déambulatoire est construite.

L’ensemble des bâtiments monastiques est construit à la suite autour du cloître : salle capitulaire surmontée d’un dortoir, hôtellerie, infirmerie, réfectoire, noviciat…

XVè siècle

Après l’apogée du 13e siècle, le prieuré doit subir d’importants travaux liés notamment aux problèmes causés par les inondations incessantes de la Loire.
Ainsi, dans le courant du 14e siècle, un logis - que Ronsard occupera au 16e siècle - est édifié pour le prieur.

Peu de temps après, on trouve trace d’un important don d’argent qu’Agnès Sorel fait à la communauté et de travaux de reconstruction de l’église qui sont semble-t-il financés par Louis XI, voisin du prieuré de par la proximité de son séjour favori : le château du Plessis-lès-Tours.

Au même moment, les sculptures des saints Cosme et Damien prennent place dans la chapelle principale dédiée aux jumeaux guérisseurs.

XVIè siècle

Saccagé par les Huguenots en 1563, le prieuré voit ses défenses renforcées sous les priorats de Charles de Ronsard et de son frère, Pierre de Ronsard qui en obtient la commende en mars 1565.

C’est ici que le poète recevra les visites de Charles IX, Catherine de Médicis, et du futur Henri III. Saint-Cosme est à la fois un refuge éloigné des turpitudes de la cour qui lui permet d’écrire et lui offre en même temps la proximité des honneurs.

Pierre de Ronsard reste à la tête de son bénéfice tourangeau jusqu’à sa mort en décembre 1585. Il est inhumé dans l’église.

XVIIIè siècle

Après une dernière période faste avec la présence au 17e siècle des prieurs issus de la famille La Chétardie qui réalise de nombreux travaux : construction du sous-prieuré, réaménagement de l’infirmerie et du logis du prieur… le prieuré comme bien d’autres établissements monastiques est confronté à des problèmes de revenus.

Il est définitivement supprimé en 1742 et les moines regroupés à Saint-Martin.

Les bâtiments en mauvais état sont démolis et les matériaux réutilisés pour d’autres constructions religieuses. Les bois sont coupés.
Devenu villégiature de l’Archevêque de Tours Rosset de Fleury et plus tard de l’intendant de la généralité de Tours Du Cluzel, le prieuré est confisqué à la Révolution et vendu comme bien national.

XIXè siècle

Saint-Cosme est morcelé entre différents propriétaires qui réaménagent l’espace selon leur besoin : l’église devient étable, grange ; le réfectoire est transformé en grange à fourrage puis propriété du Patronage Saint-Joseph.

Le prieuré est devenu une sorte de village qui compte dix-sept familles qui vivent pour la plupart du maraîchage.

XXè siècle

La Sauvegarde de l’Art Français par l’intermédiaire de la Marquise de Maillé intervient en 1925 et procède au rachat de l’église puis d’une partie du logis du prieur. Ils sont rapidement classés Monument historique. En 1933, le tombeau de Ronsard est redécouvert et ses restes étudiés ; le premier musée dédié au poète s’ouvre alors dans son logis.

En mai et juin 1944, le prieuré est victime des lourds bombardements alliés qui visent le pont ferroviaire voisin. Le sous-prieuré, l’infirmerie, l’hôtellerie, le porche d’entrée et le réfectoire – largement restauré en 1947 – sont fortement endommagés.

En 1951, le prieuré devenu propriété du Département d’Indre-et-Loire grâce au don de la Sauvegarde de l’Art français est réouvert à la visite. La nouvelle association des Amis de Ronsard et du prieuré est fondée et œuvre de concert à la renaissance du lieu. Des jardins de roses sont aménagés dans le courant des années 1980.

XXIè siècle

Les travaux de fouilles archéologiques débutent au printemps 2009 et voient la découverte des vestiges du prieuré et de ses cimetières.

Le grand peintre Zao Wou-Ki, ami des poètes René Char, Yves Bonnefoy ou Henri Michaux crée en juillet 2010 quatorze verres décorés originaux pour orner les baies du réfectoire.

En 2015, de nouveaux jardins et un parcours scénographique inédit sont proposés.